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L’intrigue d’un opéra-bouffe est généralement riche en méandres susceptibles d’égarer le spectateur, alors que même les détails les plus farfelus compteront à l’heure du dénouement. Sur ce plan, celui d’un détournement permanent de l’axe principal, le livret des Brigands atteint sans conteste un niveau record. Le tandem Meilhac-Halévy, les duettistes les plus célèbres du XIXe siècle, a ainsi fourni à Jacques Offenbach (1819-1880) une base littéraire d’une rare complexité sur le principe du « qui pro quo » cher à la comédie. L’opéra, créé, en 1869, au Théâtre des variétés, à Paris, cinq ans après La Belle Hélène, l’ouvrage phare du compositeur, avait alors remporté un succès tel, que son mot fétiche – « ir-ré-vo-ca-ble », associé à l’engagement d’un nouveau bandit – s’était retrouvé sur toutes les lèvres.
Pour faire bref, disons que l’action des Brigands s’apparente au jeu du « qui perd gagne ». Au premier acte, la destinée de deux personnages principaux en dépend. Falsacappa, le chef de voleurs toujours sans le sou, qui, pour sauver sa vie, après l’ultimatum lancé par ses ouailles, garantit un enrichissement collectif dans les vingt-quatre heures, sans savoir encore comment y parvenir. Si sa fille, Fiorella, l’y aidera, bon gré mal gré (elle vient juste de décider de devenir honnête), c’est surtout son amoureux, Fragoletto, capturé par la bande et mis en demeure par Falsacappa d’en faire partie, qui, infortuné au début, tirera les marrons du feu à la fin…
Au deuxième acte, le jeu de dupes connaîtra de nombreuses variations avec des brigands appelés à prendre la place, tour à tour, des marmitons d’une auberge, des représentants du duc de Mantoue et des membres de la cour de Grenade, princesse comprise. Au troisième acte, on ne compte plus les travestissements, les brigands portant, entre autres, le costume des carabiniers.
Présentée au Palais Garnier, samedi 21 septembre, en ouverture de la saison de l’Opéra national de Paris, la nouvelle production de l’ouvrage assez peu monté d’Offenbach semble avoir tout misé sur les costumes, kitsch et « flashy », de Victoria Behr, qui jurent avec les décors gris de Rufus Didwiszus (murs d’une grande salle ornée de pilastres cannelés, de graffitis phalliques et d’une pompe à chaleur aux câbles pendants), mais qui permettent à Barrie Kosky de cultiver l’outrance dont il est friand. Corps XXL moulé par une robe rouge de sirène et visage d’iguane à la langue toujours leste, Falsacappa a changé, on ne sait pourquoi, de genre. Autour de lui, des danseurs et danseuses en slip à paillettes et chapeau à plumes, exécutent des chorégraphies qui se voudraient sexy. Les solistes (vingt-deux, au total) et les choristes doivent en faire des tonnes. Pour une réussite de grand éclat (l’entrée fastueuse et dorée des Espagnols), combien de pétards mouillés ?
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